Eléments déterminants la qualité du vin
Les différents types de vinification
La vinification des champagnes
1.1. Méthodes champenoise ou traditionnelle
La méthode traditionnelle et la méthode champenoise consistent à vinifier dans un premier temps un vin tranquille. La fermentation alcoolique, génératrice de CO2, est donc entièrement réalisée en cuves ou en foudres. Ce n'est donc pas le gaz émis lors de cette première fermentation qui servira à créer l'effervescence. Après un temps d'élevage choisi par le vinificateur, quelques mois à plusieurs années, le vin tranquille obtenu est mis en bouteille, mais une partie de ce vin ne doit pas être tirée en bouteille car elle servira à créer les liqueurs de tirage et ensuite de dosage. On ajoute alors, dans chaque bouteille, une quantité de ce même vin mais en y ajoutant une dose de sucre et une dose de levures (la liqueur de tirage). Ces nouvelles levures vont alors transformer le sucre ajouté en alcool, au cours d'une fermentation en bouteille. Le CO2 produit lors de cette seconde fermentation alcoolique est donc piégé dans le contenant, retenu avec force par une capsule métallique, comme celles utilisées pour les bouteilles de bière. C'est la production de ce gaz, enfermé et dissous à pression alors même qu'il se répand dans le vin, qui sera responsable, à l'ouverture de la bouteille, de l'effervescence du vin. Des lies sont pourtant produites par les levures mortes et leur production d'alcool et de dioxyde de carbone, c'est le dépôt. Jusqu'au Premier Empire le dépôt était laissé en bouteille et le Champagne était servi carafé, mais autour de 1813 une méthode fut mise au point pour vendre les bouteilles directement sans dépôt : une fois la « prise de mousse » effectuée c'est-à-dire après arrêt de la fermentation en bouteille lorsque tout le sucre ajouté a été utilisé par les levures le vin est laissé en l'état un temps variable, en fonction de l'appellation et du souhait du vinificateur.
C'est le temps d'élevage sur lattes, sur lesquelles les bouteilles sont placées goulot vers le bas et inclinées d'entre 30° et 40°. Tous les jours, pendant les trois ou quatre mois précédant la mise en vente des bouteilles, un remueur effectue le remuage : il tourne chaque bouteille, selon la méthode de chaque cave, de 1/8, 1/6 ou 1/4 de tour. Il existe de nos jours des machines appelées « gyros » qui font ce mouvement de remuage régulièrement et automatiquement, mais quelques producteurs font encore appel aux remueurs traditionnels. Qu'il soit effectué par un homme ou par une machine le remuage sert à faire progressivement migrer vers le goulot de la bouteille le dépôt et les lies que forment les levures ajoutées à la mise en bouteille. Avant commercialisation, ce dépôt est donc expulsé lors de la phase de dégorgement. Il est pour cela nécessaire de geler le dépôt au niveau du goulot, d'ouvrir la bouteille et d'expulser le glaçon emprisonnant les levures. Quelques rares producteurs ne gèlent pas le dépôt et dégorgent leur bouteille « à la volée ».
Dans un cas comme dans l'autre, le volume correspondant au dépôt ôté de la bouteille doit être compensé. On ajoute pour cela dans chaque bouteille une dose de vin et de sucre : la liqueur de dosage (dite aussi d'expédition). C'est la quantité de sucre ajoutée à cette étape qui détermine le type de vin effervescent produit par méthode traditionnelle : brut nature, extra-brut, brut, sec, demi-sec et moelleux. « Brut nature » correspond à ce que certains producteurs appellent aussi « non-dosé » pour signifier que leur vin n'a pas subi d'ajout de sucre après dégorgement. Une fois le dosage effectué, la bouteille peut recevoir son bouchon définitif de liège (à la place de la capsule métallique qui l'obturait pendant la prise de mousse et la maturation). Un muselet en fil de fer attache fortement le bouchon au rebord du goulot pour empêcher le bouchon de sauter en dehors de la bouteille.